Les fiches IROKO

Le Changüi

reflet des fêtes paysannes cubaines du XVIe siècle

Le changüí est un genre musical né vers 1860 dans la partie orientale de Cuba (Guantanamo).

C'est la musique des Cumbanchas (fêtes paysannes) durant lesquelles les familles se réunissent et vont de maisons en maisons. Les motifs de ces fêtes peuvent être un mariage, un anniversaire ou tout simplement l'envie de passer un bon moment et de le partager avec la famille ou des amis.

Origine et signification

L'origine du mot Changüí est confuse. Pour certains, le mot aurait une racine africaine bantú (Congo). D'autres avancent qu'il dérive du mot congolais "quisanguí" (danser, s'amuser) ou du mot gitan "chanüí" (trahison, déception).

Les sujets abordés dans le Changüí reflètent la réalité politico-sociale des paysans. Il peut aussi parler des femmes.

Les instruments

Ses instruments sont le tres (petite guitare à 3 cordes doubles), la marimbula (caisse en bois munie de lames de métal que l'on fait vibrer, remplacée par la suite par la contrebasse), les maracas, le güiro ou le guyao (rape à légumes en métal frottée avec une baguette) et le bongo.

Chaque chanson est divisée en 2 sections : l'exposition ou llamada réalisée par le tres ou parfois à l'unisson par les musiciens suivie du montuno pendant lequel le chanteur soliste improvise à partir d'un texte court qu'il va développer tout en alternant avec un choeur qui lui répond.

L'instrument leader est le tres. Le tresero suit la ligne mélodique du chanteur et renforce la structure harmonique tout en jouant de manière assez libre et improvisée, les pasos de calle, ponctuations jouées à la dominante ou sous-dominante entre les phrases chantées. Il joue de manière très syncopée et "percussive". Il ne cesse jamais d'introduire des variations dans son jeu.

La marímbula joue le rôle de contrebasse et maintient un rythme régulier.

Le bongocero improvise sans discontinuité en privilégiant les sonorités graves et intensifie ainsi la polyrythmie du morceau. Il joue énormément sur de petites variations du rythme qu'il utilise comme base.

Le güiro appuie les temps forts et les maracas conservent un rythme régulier qui va permettre aux autres instruments de s'exprimer.

Le tempo du Changüí est relativement élevé. Les temps forts sont très marqués. Le Changüí n'inclut pas de rythme de clave.

Elio Revé Matos 

Elio Revé Matos est considéré comme le père du Changüí, bien que ce genre musical existait déjà avant qu'il ne le popularise. Sa formation, l'Orquesta Revé, communément connue sous le nom de "El Charangon" et créé en 1956, eut la bonne intuition de concevoir le Changüí comme un genre musical ouvert qui se laisse influencer par d'autres formes musicales ou d'autres rythmes pour donner naissance au Changüí-Son, Changüí-Merengue et Changüí-Rumba sur l'album "¡La explosion del momento!" gravé en 1989 et au Changüí-guaguancó, Changüí-Timba et Changüí-Pachanga sur l'album "¿De que estamos hablando?" produit en 2010 sous la direction d'Elio 'Elito' Revé Jr., fils d'Elio Reve.

La danse

Le Changüi est l'ancêtre du Son. C'est une danse de couple constituée de déplacements réalisés avec élégance. Il n'est pas question de faire des figures. En général, les passes utilisées se résument à quelques tours du danseur et de la danseuse. La danse est réalisée sur le contre-temps. Les danseurs doivent adopter une posture élégante. Les pas doivent être de faible amplitude. Le pas glissé est très souvent utilisé. La pause est très accentuée. Sur le premier des 6 pas du pas de base, les danseurs effectuent une légère flexion des jambes et remontent très rapidement, ce qui donne l'impression que la danse est un peu sautée et qui accentue le déhanché du couple.

 

A voir :

02 Jui 2018